Pourquoi Alexandre Litvinenko, ex-agent du FSB (nom donné aux services de sécurité intérieure après la dissolution du KGB, en 1991), a-t-il été empoisonné au polonium 210 en novembre 2006 à Londres, où il s'était réfugié ? Tel est le sujet de cette enquête qui commence par l'image de la lente agonie de cet homme rongé par le produit radioactif. Andreï Nekrassov répond sans ambiguïté. Litvinenko a absorbé ce produit un million de fois plus toxique que le cyanure en buvant du thé avec deux anciens membres du FSB, parce qu'il avait, dès 1998, accusé ses supérieurs de commanditer des assassinats. On lui avait demandé en particulier d'exécuter le milliardaire Boris Berezovski, mis en cause par la justice russe dans des affaires de blanchiment d'argent. Empoisonné, aussi, parce qu'il avait dénoncé la dérive mafieuse de son pays et dévoilé que plusieurs attentats attribués aux terroristes tchétchènes étaient le fait du FSB, en particulier les explosions d'immeubles d'habitation à Moscou en 1999, cyniquement perpétrés pour justifier le déclenchement de la guerre contre le gouvernement de Grozny.