Jafar Panahi a été condamné, en décembre 2010, à six ans de prison et à une interdiction d'exercer son métier, d'accorder des entretiens et de quitter le territoire pendant vingt ans. Le crime qui lui vaut cette condamnation: avoir préparé avec Mohammad Rasoulof un film inspiré des manifestations consécutives à la réélection du président, Mahmoud Ahmadinejad, en juin 2009. Jafar Panahi fait de sa situation le sujet de son film : que fait un cinéaste qui n'a pas le droit de filmer, qui est assigné à résidence, et qui attend qu'on le jette en prison ? Cette auto-mise en scène d'une insolence exemplaire réalisée en résidence surveillée, montre Jafar Panahi prendre son petit déjeuner, téléphoner à son avocate, lire un extrait de scénario d'un projet censuré. Montre des plans de l'appartement. Demande à Mojtaba Mirtahmasb, un ami documentariste, de venir le filmer. Suit dans l'ascenseur le gardien en plein ramassage de poubelles. En un mot, il filme le désœuvrement, l'angoisse, et en même temps l'extraordinaire refus de la résignation.