Alternant fictions et documentaires, la Belge Chantal Akerman a souvent magnifiquement ausculté l'Amérique. Partie cette fois en Israël, et visiblement angoissée à l'idée d'avoir à rendre compte de ce pays à la fois étranger et berceau de ses racines, elle s'est confinée dans un appartement de Tel-Aviv et a filmé, à travers ses volets à demi clos, les immeubles voisins et ceux de leurs habitants qui venaient sur leur terrasse s'asseoir ou arroser leurs plantes. C'est « là -bas », succession de plans fixes, commentés par quelques coups de téléphone exposant des états d'âme. Quand X.C. m'a proposé de faire un film sur Israël, j'ai tout de suite eu l'impression que c'était une mauvaise idée. Une idée impossible même. Presque paralysante. Presque écoeurante. J'ai loué un appartement meublé au quatrième étage et j'ai commencé à prendre des notes. Y a-t-il un quotidien possible ? Y a-t-il des images possibles ? (Chantal Akerman)